LIBOSO par Lawrence Cuvelier

LIBOSO

La situation et les origines

Comme dans toute l’Afrique sub-saharienne, la médecine générale, n’a pas une place significative dans le paysage des soins de santé. Au cours de missions précédentes, qui étaient basées sur deux projets, l’un de soutien à l’hôpital des enfants par l’HUDERF, et l’autre consistant à implanter un système de mutuelle, différents médecins généralistes se sont rendus comptes que le système de santé devait renforcer sa première ligne. Celle-ci est assurée par des infirmiers en système de santé communautaire. L’efficacité de ce réseau de soins, malgré ces limites, permet de penser qu’un échange de pratique serait profitable aux participants du projet Liboso. Trois maisons médicales du centre de Bruxelles se sont regroupées pour s’associer avec des centres de Santé de Masina, une agglomération de Kinshasa comptant environ trois millions d’habitants. Tout cela s’inscrit dans une optique de respect mutuel, d’échange et de contact direct de microstructure à microstructure. Un élément essentiel est le développement de mutuelle. L’élaboration du projet a mis beaucoup de temps, chaque structure ayant aussi à assurer ses obligations quotidiennes.

Les obstacles

·      L’originalité :

La plupart des projets de coopérations impliquent des budgets considérables, des moyens de fonctionnement importants, et /ou des buts structurels ambitieux. La philosophie d’un micro-projet n’est pas toujours bien comprise

·      La diplomatie

Les échelons de pouvoir sont complexes, hiérarchisés, et labyrinthiques. Il ne faut pas faire d’impair sous peine de se fabriquer des obstacles inattendus.[1]La confrontation de moyens de discussion et d’échange doit pouvoir se faire avec efficacité. Un mode de discussion assez particulier, se fait selon certaines règles. Il y a d’abord une présentation des interlocuteurs, ensuite une période d’observation au cours de laquelle on échange des propos généraux et cela sans agressivité, ensuite on pose des questions pour entrer petit à petit dans le vif du sujet. Cette manière de faire peut paraître longue, mais elle s’apparente à une technique de communication non violente, qui peut avoir des bénéfices à long terme. Les problèmes ont pu être débrouillé sans que personnes ne perdent la face.

·      Les bons partenaires

Il est évident que pour piloter un projet, une continuité fiable doit pouvoir être établie, et que des courroies de transmissions pour le suivi sur place doit pouvoir fonctionner de manière fiable et régulière. Ceux-ci peuvent-être institutionnel ou personnel. Liboso a pu faire connaissance d’Anatole, au départ des premières missions qui a une analyse fine de la situation, qui est déterminé dans ses objectifs et qui a pu avancer de manière probante et efficace en RDC.

·      Un modèle de soins de santé incertain

Le Congo reçoit de nombreuses aides, gouvernementale, internationales ou de la part d’ONG. L’accès au soin de santé se faisait sur base de paiement par le prestataire sans intervention des autorités. Le choix qui se pose, est entre un système assurantiel et un système de solidarité de type mutuelle. Dans un système où l’état est faible au point de vue de ses moyens, il est tentant de se dire que développement des soins de santé se fera par l’implantation d’entreprise, et que ce développement permettra par la généralisation d’emploi stable un accès au soins à l’ensemble de la population. Ce type de raisonnement a longtemps prévalu aux USA et est fortement suggéré par des organismes internationaux. L’autre système, basés sur la solidarité, est l’implantation de mutuelles dans le pays. Les mutuelles belges ont fortement contribué à développer ce système, qui rencontre un vrai succès bien qu’encore modeste dans les chiffres. Ce modèle préconise sur base de solides références que le développement de soin de santé est en lui-même un facteur de développement, et que par exemple un jeune adulte, support de famille, frappé d’un maladie grave ou qui décède, provoque par sa pathologie une succession de trouble économique. Ceci a été clairement démontré pour le Sida.

·      Une médecine générale peu valorisée

La place du généraliste dans ce système de santé, est peu valorisée, socialement peu reconnue et structurellement mal définie. Les études menées par le professeur White et confirmées par de nombreuses études ultérieures montrent qu’une première ligne forte résout 90 % des problèmes de santé, et réduit fortement le recours aux soins de seconde ligne. Le problème est que soigner correctement un asthme ou une hypertension est moins spectaculaire que de soigner une crise d’asthme ou un accident vasculaire cérébral. En outre, les accidents de santé sont ici vécus comme une fatalité et non comme les conséquences d’un processus. Néanmoins la prise en charge des maladies infectieuses comme le SIDA ou la tuberculose permettent de valoriser des approches plus systématiques. Toutefois, il s’agit ici, encore d’une approche très verticale, de pathologie uni factorielle, dont le traitement doit se faire de manière rigoureuse, menant à la stabilisation ou la guérison. La place du généraliste et sa rémunération doivent être fortement revalorisée.

[1] Un tableau des différentes autorités contactées se trouvera en fin de documents

Une goutte d’eau dans un océan ?

·      Système basé sur des praticiens de premières lignes

De part et d’autres, les interlocuteurs sont des personnes confrontées à la réalité quotidienne, ayant à affronter des difficultés pratiques, pas toujours prévues dans des bureaux climatisés. Les maisons médicales de Bruxelles, sont confrontées à une population défavorisée, avec de multiples facteurs de risque. Il y a par exemple sur 20.000 patients bénéficiant du statut d’aide médicale urgente, c’est-à-dire l’aide médicale accordée aux personnes sans papier, 6500 d’entre eux vivent dans la commune de Bruxelles-ville (13.000 dans la région de Bruxelles. Nous sommes confrontés à des problèmes de souffrance psychique, d’assuétude (dépendance aux opiacés, alcoolisme) , de maladie infectieuse ( HIV, TBC) mais bien sûr sans commune mesure avec la RDC, et de maladie chronique.

·      Vers un échelonnement rationnel

L’amélioration de la qualité des soins doit pouvoir passer par une prise en charge des pathologies chroniques, ce qui rencontre plusieurs obstacles, dont le principal est éducationnel. Les caractéristiques de beaucoup de maladies chroniques quand elles ont un caractère social sont de trois ordres

  • Symptômes discrets ou inexistant (HTA, diabète, BPCO)
  • Préoccupation vitale prédominante (absence de perspectives de vie à long terme)
  • Incapacité psychique ou éducationnelle d’appréhender une maladie au processus lent et complexe (et réalité du déni dans ce type de situation)

La capacité de mettre en œuvre des stratégies de soins pour les pathologies complexes est une spécificité du généraliste, lui seul est capable d’intégrer les différents paramètres du patient et de fournir un traitement spécifique, alors que le spécialiste devra s’occuper d’un problème spécifique qui peut être compliqué mais qui n’implique pas une relation à long terme

·      Du particulier au général ?

Il va de soi que Liboso s’aventure dans un projet pilote, dont il serait bien prétentieux de prédire les résultats avant sa mise en œuvre. Cependant, pour que des résultats puissent être extrapolés, il faut pouvoir mesurer certaines données au début de l’application du projet. Dans ces conditions, ils pourraient constituer une base crédible pour encadrer des bases de généralisation. Par rapport à la situation en Belgique, il serait intéressant de pouvoir évaluer l’impact de ces prises en charge qui inévitablement reposeront largement sur des auxiliaires de santé en RDC, et qui en Belgique font débat dans le cadre de réforme de soins de santé et du plan des maladies chroniques.[1]

·      Des projets spécifiques

Aborder la complexité spécifique à la médecine générale dans ce projet ne peut se faire que par des cibles spécifiques. C’est pourquoi une série de thèmes ont été évoqués en particulier, le diabète, l’hypertension, la santé mentale. Concernant ce dernier point, les intervenants des centres ont souligné la difficulté d’aborder ces problèmes de front, la population a tendance à faire appel à des solutions traditionnelles et à privilégier des explications causales de type global (le mauvais sort) . Cependant, les centres font remarquer leurs dénuement face aux situations de violence, en particulier de violence sexuelle. Il a été aussi question de l’hygiène et des problèmes d’assainissement. La prise en charge du dépistage et prise en charge du cancer. L’aspect de la revalidation et la place de la kiné. D’autres problèmes concernant la référence et la conter-référence et la transmission des rapports médicaux.

Pour des méthodes de travail effectives

·      Mise en place d’une stratégie partagée

Il était fort important que notre initiative soit clairement expliquée et que les objectifs rencontrent celles des autorités compétentes. A cet égard Anatole Mangala a joué un rôle clé pour nous mettre en relation avec les personnages clés. Nous avons ainsi rencontré

  • Le secrétaire général du ministère de la santé, sensible à l’amélioration d’une ligne de soin primaire
  • Une responsable du CGAT
  • Le bourgmestre de Masina
  • Les responsables médecins chef de zone
  • Un responsable de l’ordre des médecins

·      Recherche de soutien

Tant en Belgique qu’au Congo. Si ce projet est volontairement modeste dans ses moyens que dans ses objectifs à court terme, il est essentiel de trouver des soutiens tant moraux que financiesr. Notons à cet égard les soutiens belges

  • La région bruxelloise
  • La ville de Bruxelles
  • Le financement des maisons médicales
  • Belgo-compétence

Tandis que du côté congolais on peut citer

  • L’ambassade de Belgique
  • Le centre Wallonie-Bruxelles
  • ULB coopération et médecine pour le peuple
  • RDC compétence
  • Le CGAT (système de mutuelle congolaise)

Les implications se sont faites à des niveaux assez différents mais pour un résultat d’ensemble très satisfaisant.

[1] Il est question en Belgique de modifier l’article 78 sur les compétences, et d’étendre les prérogatives des infirmières dans le cadre de suivi de maladie chronique et d’hospitalisation à domicile ou alternative à l’hospitalisation

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Le record Guinness-book de la consultation la plus éloignée

Le record Guinness-book de la consultation la plus éloignée

Alors que nous nous apprêtions à souper, surgit un couple qui demande le Dr Oldenhove. Nous pensons d’abord qu’il s’agit de personne en relation avec la mission. Pas du tout, c’est un patient de la maison médicale, qui habite d’ordinaire dans les Marolles, et qui amène sa femme enceinte qui n’a pas encore de visa pour que le bon docteur l’examine. Comment ce patient a pu trouver son médecin a plus de 6000 km de son cabinet, c’est une fidélité à toute épreuve…²

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Une journée bien remplie

 Une journée bien remplie par Lawrence Cuvelier

Ce lundi, nous avons été un peu bousculés lors de notre petit déjeuner, Lydie du CGAT nous a dit que le secrétaire général nous attendait. Nous nous sommes précipités au ministère, bousculant notre horaire pour présenter notre projet. Nous avons dû attendre de longues minutes dans une antichambre où se trouvaient différents personnages dont certains finissaient leur nuit. Des entrées et sorties, des conciliabules avec des personnages importants et enfin l’introduction chez le secrétaire. Différentes personnes profitent de notre introduction par le fameux Anatole pour rappeler l’importance de leurs projets, en l’occurrence un projet basé sur la solidarité plutôt qu’un système assurantiel versus un système basé sur la solidarité.[1]. Manifestement, notre venue était importante, surtout pour ne pas froisser les autorités.

Nous nous sommes rendus ensuite à l’école Aurore, dont la mère de Luc est directrice. L’école fonctionne selon des modalités privées avec un minerval, et présente un aspect avenant. Elle témoigne aussi de l’absence d’une structure étatique crédible dans le domaine de l’enseignement. Dans une classe d’école primaire, l’apprentissage de la lecture passait par le mot roi et les photos de classe se prennent souvent au pied de la statue de Léopold II qui trône fièrement dans le quartier, contrairement à ce qui m’avait été dit.

Après un bon déjeuner dans un restaurant nommé » la pâtisserie », nous avons rencontré la responsable du centre Lola Bonobo, Claudine André, que nous avons vivement félicité pour la qualité de son centre. Elle nous a expliqué qu’elle avait aussi des projets de collaboration en forêt équatoriale, surtout pour des opérations de cataracte pour les bonobos. Après quoi, nous nous sommes rendus au CGAT, centre de gestion du risque et d’appui technique, un grand bâtiment contenant diverses organisations, lutte contre le VIH, le paludisme. La priorité a été la lutte contre les infections, surtout virale et bactérienne. Manifestement, les maladies chroniques seront le prochain enjeu sanitaire. A chaque endroit où nous nous rendons, il faut suivre une sorte de séance protocolaire, où après un certain temps d’attente, chacun se présente et décline sa fonction. La réunion se résuma pratiquement à cette dite présentation car nous devions nous rendre aux centres de santé de Masina qui fermait à 15 heures.

La commune Masina est une municipalité défavorisée de Kinshasa, relativement loin du centre. Pour se rendre au centre, il faut débarquer de la voiture et passer par des routes envahies d’eau noirâtre, des senteurs violentes de poissons séchés aux couleurs sombres. L’arrivée au premier centre se passait avec l’appréhension de ne pas choir dans ce cloaque.

Nous fûmes bien reçus au centre Ntombwa Maria, tenue par les oblates de l’assomption. Les membres de ce centre étaient heureux de nous retrouver, de demander des nouvelles des absents. Nous avons discuté des perspectives, et surtout de la gestion des problèmes, maladie chronique et santé mentale. Nous étions dans une salle sans lumière, ni ventilateur, et il faisait particulièrement chaud où seule la religieuse ne transpirait pas. Au second centre, Esperodi , nettement plus spacieux , l’accueil fut aussi chaleureux. Avant d’entrer, Geneviève fut happée par une petite fille qui ne voulait plus lâcher sa main ? Ses compétences comme Maman Bonobo ne sont plus à démontrer. Parmi les phrases retenues, c’est bien que vous reveniez, ce qui sous entendait, nous voyons beaucoup de groupe, s’ils reviennent, c’est qu’ils sont sérieux, c’est bien que vous veniez en saison des pluies, pour que vous voyez comment c’est quand les conditions sont pénibles (chaleur et humidité). Finalement, c’est la même chose quand on fournit une aide à un groupe défavorisé, il suffit de vaincre la méfiance initiale, qui est basé sur une habitude d’avoir des propositions d’aide qui ne se concrétisent jamais. La durée est le meilleur juge pour estimer du sérieux.

Nous avons ensuite rencontré un représentant de l’ordre des médecins qui est venu chez nous à l’appartement. Au début, je crois que nous nous demandions chacun, pourquoi nous étions mis en présence. Il a fallu que nous mettions en avant notre projet, son aspect social d’accès au soin de santé par un projet point à point venu de la base pour que les sourires se dessinent. Manifestement, le stratégie d’Anatole est de lever les obstacles. Je dois mettre en avant mes qualités au niveau de la santé publique pour que mes interlocuteurs se sentent respectés.

[1] Appuyé par les mutualités belges

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La Nature authentique

          La nature authentique par Lawrence Cuvelier

        En traversant Kinshasa

Nous avions décidé, ce dimanche, d’aller voir le parc de Lola ya Bonobos qui se trouve en périphérie de la capitale, dans la direction de Matadi. Pour cela, il fallait traverser différents quartiers au nom évocateur, tel Ma Campagne, et Delvaux. Avec une alternance de route en très bon état, par exemple la nationale 1, et des routes complètement défoncées. Comme nous sommes en saison des pluies, nous devons nous lancer dans des trous dont nous ne connaissons pas à l’avance la profondeur. A certains endroits, la circulation est très lente, soit à cause d’un marché, un accident de la route ou tout simplement l’état de la route. On peut à loisir contempler les différentes inscriptions aussi chatoyantes dans leurs imaginations que les pagnes des africaines. De petites constructions en béton se juxtaposent, riches en promesses diverses, souvent invoquant la grâce divine, la vertu ou la parole de Dieu pour réparer vos chaussures, vendre des cartes de téléphone. De multiples églises protestantes font des promotions très optimistes. Récemment, des bus publics ont été mis en circulation, en très bon état ils sillonnent fièrement la ville, un consortium privé/public a mis en services de plus petits cars aux même couleurs mais sur lesquels il est inscrit esprit de vie par référence aux innombrables camionnettes chargées sur le toit, sur les pare-chocs et sur les portes surnommés par le kinois « esprit de mort ». Les propriétés sont souvent entourées de hauts murs, et en quittant le centre, des villas entourées de murs et perchées sur les collines alternent avec des bidonvilles dans les vallées. Nous quittons enfin la ville, longeant une rivière et la tristement célèbre voie de chemin de fer Matadi Kinshasa, qui a coûté tant de vie mais qui a permis la colonisation en permettant la construction d’une infrastructure au départ de l’ancienne Léopoldville. Nous avons pénétré dans cette fabuleuse nature exubérante… L’Afrique, son odeur âcre, sa terre rouge de latérite, ses camions qui plongent dans les trous d’eau, ses arbres démesurés, ses fleurs au robes provoquantes et ses oiseaux innombrables. Nous sommes arrivés au paradis des Bonobos. (Lola Bonobo). Nous nous sommes parqués le long d’une rivière qui était sortie de son lit à la faveur de la saison des pluies, de couleur jaune-brun, rejetant dans un grondement ses sédiments d’un terre si prolifique.

Les bonobos ou l’échec de la philosophie de la nature

Nous sommes arrivés dans ce très beau centre où un guide nous a fait découvrir ses singes. Parmi les 4 grands singes, c’est-à-dire, ceux qui ont un cerveau développé et pas de queue…Seul l’Orang-Outan vit à Bornéo. Pendant longtemps, on a confondu chimpanzé et Bonobo qu’on pensait être de petits chimpanzés. Ils se reconnaissent par leurs faces noires, leurs lèvres roses, leurs favoris. Les femelles n’enfantent que tous les 5 ans, pendant 4 ans elles allaitent leurs petits. Elles ont des cycles et des durées d’accouchements similaires à l’espèce humaine et sont sensibles à la plupart des maladies humaines. Par contre, ils font l’amour pratiquement tous les jours, pour apaiser les conflits, ils sont polygames et polyandres, et sont beaucoup moins agressifs que les chimpanzés. Ce sont les femelles qui dirigent le groupe, et si un serpent survient, les mâles se réfugient dans les arbres tandis que les femelles chassent l’intrus à coup de bâtons. Si un petit est orphelin, par exemple quand la mère a été victime de braconnage, seule une maman humaine peut le sauver, ils ne font pas confiances aux hommes, la proximité avec l’espèce humaine est très forte. Nous avons vu différents groupes de bonobos. Leur gestuelle est tout à fait compréhensible pour un homme, la femelle dominante prend du sable en main pour nous le lancer si elle estime que nous lui ne donnons pas assez de fruits. Ce grand primate est pratiquement totalement végétarien, au moins un ! Ces animaux sont touchants, regroupés là dans un but de protection, ce n’est pas leur lieu habituel, qui est plus à l’Est, dans la forêt équatoriale primaire. La visite fut un vrai bonheur, et s’est terminée par un bon repas de tilapia le long de la rivière, encadrés de beaux arbres comme des flamboyants et des manguiers.

Depuis très longtemps, la nature a été un sujet d’inspiration de la philosophie après avoir été l’objet de religions primitives. Il y a eu Lucrèce précurseur du retour à la nature, Rousseau et son homme qui serait universellement bon si la nature était sa seule préceptrice, l’homme est bon, c’est la société qui le corrompt. Goethe fut un adepte de la nature-philosophie qui elle aussi prône l’idéalisation d’une bonne nature. Bien sûr, l’écologie fonde une partie de son élan sur ce côté de bonne nature qui nous sauve. D’un point de vue historique, on peut dire que ces belles théories ont servi parfois de toile de fond à de beaux monstres. Ainsi, le nouvel homme aryen devait être en harmonie avec la nature, s’inspirant de la pureté originelle. On l’ignore souvent, mais les khmers rouges se sont fondés plus sur Rousseau que sur Marx pour vider les villes et éliminer tous les intellectuels. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, mais la religion s’est souvent appuyée sur la nature pour fonder des dogmes ou préceptes. L’église a stigmatisé les mœurs contre nature. De même la morale sexuelle était en partie fondée sur la nature, et longtemps l’acte sexuel, devait selon la religion n’avoir qu’un but, la conception. D’où parfois des familles très nombreuses car très catholiques…Heureux bonobos qui n’ont pas inventé une nature pour faire des lois et des règlements selon leurs fantasmes. La nature est belle, certains y lisent des messages, je préfère la contempler dans sa diversité, elle enseigne sûrement bien des choses, mais d’abord la modestie.

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Arrivés à Kinshasa

Ça y est nous sommes enfin arrivés à Kinshasa. Nous sommes sur place depuis vendredi soir. Le weekend fut ponctués de moment de travail et de moment de détente dont la très belle découverte de Lola ya Bonobos, le paradis des Bonobos.

Ce lundi les choses sérieuses ont commencées. Nous avons débuté la journée par une réunion avec le secrétaire générale de la santé, nous avons ensuite rencontré nos partenaires du CGAT. Dans l’après-midi nous avons repris contact avec 2 centres de santé partenaires: Esperodi et Tombwa Maria. Retour plus que rapide vers le centre des handicapés où nous logeons (nous avons un excellent chauffeur!) pour rencontrer 2 médecins de l’ordre urbain des médecins. Nous terminons cette journée par une réunion préparatoire de la journée de demain.

Lawrence Cuvelier nous accompagne dans cette mission. Passionné d’écriture, il rédige ses impressions par rapport à cette découverte du Congo. Vous pourrez le lire tous les jours sur ce site.

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Premières impressions

Premières impressions par Lawrence Cuvelier
En route pour le Congo
C’est mon premier voyage vers l’Afrique noire, et donc vers ce pays mythique dont tout belge a entendu parler, le Congo, mille légendes, mille récits, où mon père aurait dû passer toute sa vie professionnelle en tant qu’administrateur territorial, et où il a été à la fameuse université coloniale qui est devenue depuis lors l’institut de médecine tropicale. Dès lors, que croire de ce pays si familier et si singulier. Avec des habitants dont nous avons l’impression qu’ils sont nos cousins.
Le comptoir N° 1 à Bruxelles-national est celui de Brussels airlines Afrique, et l’enregistrement des bagages se fait sur la partie droite de la rangée. On ne peut pas la rater ! Alors que les autres destinations africaines se déroulent dans un grand calme, ici, une accumulation invraisemblable de bagages, de toutes formes et de tout format. Nous même avons dû embarquer pour un orphelinat 46 kilos en deux grands sacs. Notre compagnie a prévu le coup, et permet 46 kilos par personne, mais elle permettait même ce jour-là un maximum de 69 Kilos. Et personne ne s’est privé de cette aubaine, notre bagage pour deux était de 16 kilos. Tout cela, dans un méli-mélo de famille et d’amis bruyants et enthousiastes. Ce joyeux capharnaüm se prolongea dans l’avion, les hôtesses ne perdant pas le sourire dans ce désordre permanent. Quand le duty-free est passé, chaque personne voulait profiter et les hôtesses n’ont jamais pu finir le trajet. Quand le commandant de bord annonça, l’approche de Kinshasa, et qu’il priait les passagers de regagner leurs sièges, la majorité des passagers s’est levée pour refaire leurs bagages.
Vers la fin du voyage, un passager s’est mis en tête de faire une longue péroraison sur le mérite de la race noire. Si le ton était calme et modéré au départ, sous la forme d’une mélopée rythmée, il s’est auto-excité et est arrivé à faire un discours pour la moitié de l’avion, arrachant quelques sourires, mais ce dont personne ne se serait avisé de le contredire. Il exhortait son public à mieux connaître l’histoire dont il avait une version originale : « tu comprends, la Grèce doit son essor à Pythagore, et celui-ci s’inspira des Egyptiens, donc des noirs » logique … « l’humanité sera sauvée par les noirs ». Il y a un temps où les blancs pensaient la même chose d’eux ! Certains le pensent toujours, mais ils n’osent plus le dire. Je dois dire que ce type de discours est une sorte de poème qui reflète bien des choses, mais qui sur un certain terrain peut se relever fort dangereux pour des êtres fragiles.
De nombreuses descriptions m’ont été faites sur l’arrivée à l’aéroport de Ngili , dans laquelle, sans une escorte prête à payer des fonctionnaires et rastaquouère de tout type, vous risquiez fort de vous trouver parfaitement dépouillé. Ces accompagnateurs se prénommaient des protocoles. Il parait qu’en 2009, on était reçu dans une sorte de cabane, et qu’il fallait suivre à pied un chemin balisé par deux bandes jaunes. C’est dire que je m’attendais à tout. Un bus nous attendait à la passerelle, et après une longue file à la douane nous avons récupéré nos bagages sur le tapis N° 1 comme le disait la speakerine de l’aéroport. Il y avait en effet un très beau tapis mais il était unique. Nous avons ensuite embarqué dans un somptueux 4 x 4 Mazda, pour prendre un boulevard 2 x 4 bandes pour arriver au centre de Kin en une demi-heure environ. Il paraît qu’avant, il s’agissait d’un chemin dans un état indescriptible. Nous avons ensuite mangé une délicieuse pizza dans un restaurant où tous les clients étaient blancs(sauf les serveurs et François), o Poeta.
La première journée
Notre équipe se compose de cinq membres, Luc Banota, François Madoki, Anne Meunier , Geneviève Oldenhove , mon épouse, et moi-même, Lawrence Cuvelier. Nous sommes tous membres de maison médicale, et nous sommes là dans le cadre du projet Liboso qui consiste à soutenir les centres de santé primaire par des maisons médicales belges dans le cadre d’un partenariat d’échange d’expériences. Les soins de santé primaires font parties d’un échelon essentiel d’une bonne gestion des soins de santé et malheureusement, ils ne jouissent pas dans ce pays d’une bonne reconnaissance sociale, et donc les soins sont orientés vers l’hôpital, où ceux-ci bénéficient d’un certain prestige.
Vers sept heure trente, nous avons eu la visite d’Anatole, fonctionnaire haut placé à la santé publique, plein d’allant et de dynamisme. Il nous a guidé et dirigé vers une série d’interlocuteurs. Toute la matinée, nous avons eu la visite de personnes importantes, qui nous ont tous diffusé le même discours. Pour voir aboutir notre projet, il est essentiel de venir voir nos partenaires au Congo, sous peine de perdre notre crédit. Un projet de ce type, entre pair, doit être un modèle, qui toutefois par sa différence sera sans doute moins crédible au nom de certains, que des projets avec des milliers d’euros, des véhicules de luxe, et des expatriés. Nous devons aussi avoir des accroches concrètes sur certains projets comme les maladies chroniques ou la santé publique. Ils nous ont confirmé que le groupe Liboso (en avant en Lingala) avait pris de bonnes options, et ils insistaient pour que les personnes de références soient les gens qui travaillent effectivement dans les centres et pas des responsables qui supervisent de loin le projet.
Nous sommes hébergés dans un centre pour handicapés, et il parait qu’il s’y déroule des opérations. Quand, je vis passer devant moi, un monsieur très digne en tenue de salle d’op, je me suis dit, voilà un valeureux chirurgien. Je dus déchanter, quand je le vis brandir un balai et balayé la cour.
Nous avons eu ensuite un excellent repas préparé par la cousine de Luc, typiquement congolais, avec des feuilles de manioc préparés comme des épinards, des bananes cuites bien savoureuses, des brochettes et du poulet. Il semble que nous aurons droit à la cuisine congolaise durant tout le séjour. Nous avions auparavant été faire des courses avec un chauffeur, entre autre pour pouvoir bénéficier d’une connexion internet. Il fallait d’abord aller chez Orange, et le chauffeur précisait dépêchons nous, il faut aller vite car les bureaux ferment avant midi. Il était plus d’une heure et le magasin était encore rempli. Nous sommes dans le quartier de la Gombe, quartier chic de Kinshasa. Dans le magasin une série d’articles européens dont du beurre des Ardennes (avec étiquette en anglais) et une foule de produit du Colruyt vendu bien plus cher qu’en Belgique (d’où l’importance des valises dans l’avion).
L’après-midi, nous avons décidé de prendre un bon temps en nous installant près du fleuve. Après être rentré dans une installation portuaire, le premier bar ne donnait pas vraiment satisfaction, nous sommes allés vers le nautic club de Kinshasa, où le fleuve gonflé par l’eau de la saison des pluies, nous donnait une vision splendide, malgré un village sur pilotis à proximité. Un défilé de pirogue de pêcheur nous faisait souvenir de Tintin au Congo ou de certaines très belles aventures de Spirou et Fantasio . De nombreux oiseaux ont agrémentés notre après-midi bien arrosée par de la Primus. Il faisait il est vrai particulièrement chaud et humide. Des Grues, des ibis, des hérons, des martinets et surtout un splendide martin-pêcheur à la robe bleu roi. Au sortir de cet endroit idyllique, un vieux militaire ouvrant la barrière nous faisait le salut militaire, plein de dignité touchante, on est évidemment loin de l’égalité des classes.
Se balader dans Kin avec des habitués n’a fait qu’arracher des exclamations de surprises. Le fameux marché des valeurs (des voleurs) s’est transformé en magnifique place au centre de laquelle domine une très belle fontaine. Autre signe qui ne trompe pas, la valeur du franc congolais est devenue stable. Enfin le prix des terrains est devenu affolant et certains propriétaires et habitants de bidonville sont devenus potentiellement très riches.
Le soir nous sommes allés dans un quartier populaire manger de la chèvre et du poulet. Dans ces rues, où le samedi soir régnait une ambiance toute africaine, il y avait un écran de télévision tous les dix mètres, avec retransmission de matchs du championnat d’Angleterre et d’Espagne. Il parait que la moitié des kinois sont pour le Barça tandis que l’autre est pour le Réal. Et que les partisans de l’un détestent l’autre club. Nous avons pu le constater quand, devant rentrer dans un immense hall lors d’une averse, les personnes regardaient le match Valence- Barça, et qu’à chaque prouesse d’un club, les clans se divisaient avec houris et acclamations. Le bruit était vraiment insupportable, mais nous nous sommes fait abordés par un certain Charles, ami de Luc qui vit la moitié du temps à Bruxelles. Kin est un village de 12 millions d’habitants. Luc s’est d’ailleurs séparé de nous pour vivre sa vie la nuit. Un orage tropical s’est déclenché dans la nuit et il a eu du mal à rentrer, l’orage ayant perturbé la distribution d’électricité, la porte électrique de notre complexe ne pouvait pas s’ouvrir.

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Mission de décembre 2015

Une équipe de 4 travailleurs des maisons médicales se rendra à Kinshasa du 4 décembre au 12 décembre 2015.

Les attentes par rapport à cette mission sont multiples. Une partie de la mission sera consacrées à rencontrer les centres de santé. Echanger les améliorations concrètes issues des rencontres de septembre 2014. Obtenir la confirmation des CS partenaires pour l’intérêt de la vision croisée des réalités de travail menant à une meilleure prise en charge de nos patients. Soutenir la réflexion par rapport à la mission des CS vers Bruxelles.

L’autre partie de la mission sera consacrées à obtenir le soutien des autorités kinoises pour l’organisation d’une mission vers Bruxelles.

Cette mission se fait avec le soutien de BRISSI.

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Chers Centres de Santé,

Chers Centres de Santé,

Nous voulons tout d’abord vous remercier de l’intérêt que vous portez à ce projet de partenariat entre vous, Centre de Santé de Kinshasa, et nous, Maisons Médicales de Bruxelles.

Merci d’avoir organisé avec RDC Compétence une réunion pour nous faire part de vos contributions suite à notre semaine d’échange en Septembre et vos attentes concernant ce partenariat.

RDC Compétences nous a transmi un rapport avec vos observations. Nous espérons que le Centre de Santé TOMBWA YA MARIA et le centre de santé BOLINGO pourront, eux aussi, nous faire part de leurs observations dans un avenir proche.

De notre côté, après la rédaction de notre rapport de mission, nous avons mis en place des sous-groupes dans chaque maison médicale pour travailler et améliorer notre action en santé communautaire. Nous avons en effet été fort interpellés par votre réseau et le rôle que jouent vos relais communautaires au sein de votre quartier.

C’est pourquoi nous allons essayer d’identifier qui sont nos relais communautaires à Bruxelles et essayer de collaborer avec eux. Merci pour vos témoignages d’expériences et de compétences à ce sujet. Il est quasi sûr que nous vous recontacterons à ce sujet afin de poursuivre et d’améliorer notre réflexion.

Concernant vos observations, nous nous sommes retrouvés le 15 avril pour parcourir le rapport de RDC Compétence. Nous avons quelques questions pour vous ?

a) De quelle manière pouvons-nous échanger sur la prise en charge des patients diabétiques ?

b) De quelle manière pouvons –nous échanger sur l’ambiance et la convivialité des centres ?

c) De quelle manière pouvons-nous échanger sur la co-existence des différents professionnels de santé ? Concernant ce point, vous parlez de changements de comportement suite à notre passage notamment dans les relations entre les médecins et les autres professionnels. Pouvez-vous nous en dire plus ?

d) Le point « référence / contre référence » n’est pas clair pour nous? Pouvez-vous nous expliquer ? Vous parlez de « stratèges ». Qu’est-ce que c’est ? Qui sont-ils ?

Concernant le cadre d’échange entre vous et nous, comment l’envisagez-vous? Avez-vous déjà des propositions à faire ?

De notre côté, suite à votre retour, nous pensons pouvoir témoigner de nos expériences et partager avec vous des supports et contacts. Ces premières propositions qui nous viennent à l’esprit ne sont pas exhaustives. Avez-vous d’autres idées ? Nous continuerons également à réfléchir de notre côté…

Enfin, voulez-vous travailler tous ensemble (les 4 CS de Kinshasa) sur un/des même(s) thème(s) ? Ou alors, indépendamment les uns des autres, sur des thématiques propres à chaque Centre de Santé ?

Merci pour les réponses à nos nombreuses questions et courage dans les différentes actions que vous menez actuellement.

Au plaisir de vous lire bientôt,

Nous vous embrassons chaleureusement,

Les trois maisons médicales pour Liboso

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GRATUIT SUR INVITATION

“L’homme qui répare les femmes”  est le dernier film documentaire de Thierry Michel et Colette Braeckman sur le travail du Dr Denis MUKWEGE qui remporte tous les prix en ce moment et dont la sortie officielle est prévue pour le 15 avril.

C&C asbl  organise une projection gratuite qui sera suivi d’un débat ce lundi 20 avril 2015 avec le soutien de la Ministre Céline Fremault et du Sénateur Bertin MAMPAKA.

POUR OBTENIR VOTRE INVITATION envoyez un SMS au numéro 0478 054 585 ou un e-mail àbruxellescultures@gmail.com

« CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES EN RDC ET PARTOUT DANS LE MONDE, MOBILISONS-NOUS ! »

 

C&C asbl

Cultures et Citoyenneté asbl

0478 054 585

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Dr DENIS MUKWEGE

Dr DENIS MUKWEGE : Cet homme consacre sa vie aux femmes qui ont été victimes d’atrocités commises par des milices armées errant dans les forêts du Kivu. Un documentaire poignant de Thierry Michel est consacré à sa vie et à son combat !! Il sera projeté dans certaines salles à partir du 15 avril.

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